Les 10 fausses rumeurs concernant le vin rosé* que vous n’avez jamais osé remettre en question
1. Le vin rosé est une sous-catégorie du vin rouge et blanc.
Faux. Beaucoup de régions viticoles dans le monde se concentrent, à juste titre, sur le vin rouge et le vin blanc la consommation de vin rosé dans le monde atteint timidement les 10% toute couleur confondue. Mais en Europe de l'ouest, au Brésil et en Chine la consommation de rosé varie entre 17% et 25%. En France, qui est le plus grand producteur de vin au monde, le vin rosé représente 30,3% de toutes les ventes de vin (en volume). Vin blanc ne représente que 17,2% (source: IRI 2014).
2. Le vin rosé ne se conserve pas.
Château Thuerry 2012 servi l'été 2015. La garde a "calmé" le vin qui est devenu rond et fruité. Pas du tout oxidé et excellent avec les brochettes.
Faux. C'est exactement comme pour les vins rouges ou blancs, cela dépend de quel vin nous parlons. Les vins rouges ou blancs simples doivent être consommés jeunes comme le rosé. La plupart des vins rosés que l'on trouve dans les magasins doivent être consommés rapidement, mais cela dépend plus de l'offre en GD que de la catégorie de vin en soi. Des vins rosés bien faits et de qualité peuvent évidemment se garder en cave quelques années. L'appellation Bandol en Provence, qui fait du rosé à base de Mourvèdre, recommande de garder ce vin jusqu'à 10-15 ans. Il en est de même pour le Tavel, un peu plus à l'ouest, qui recommande aussi de conserver le rosé de cette région. Le vin rosé conservé en cave acquiert de la rondeur en bouche tout en perdant un peu de son fruité et de sa vivacité, ce qui lui donne un peu plus de complexité avec des goûts de caramel, de fruits confits. Un peu comme les rouges et les blancs, les vins rosés de bonne qualité peuvent être oubliés à la cave quelques années. Pour un rosé élevé en fûts de chêne, la garde est de minimum 5 ans.
3. Le vin rosé est un effet de mode.
Faux. Le vin rosé est assurément le plus ancien dont on ait retrouvé des traces puisqu'il semble avoir été celui que consommés les grecs de l'Antiquité et plus tard les romains. Le rosé de Loire se servait à la table de Louis XIV et dans les salons de la cour royale à Paris alors que les vins rouges de Bourgogne (aujord'hui si haut de gamme) étaient décrit dans la littérature comme des vins légers et très pâles. Même à Bordeaux, vers la fin du Moyen Age, qui était envahi et dominé par l'Angleterre, se faisait un vin appelé «French Claret» qui était trop clair pour être rouge mais trop foncé pour être le rosé que aimons déguster aujourd'hui. Le vin rosé est certainement le nom du vin rouge bu jusqu'au début XIXème siècle, avant que la technique de macération avec la peau des raisins rouges ne soit maîtrisée. La couleur du vin rouge vient de la peau des raisins rouges. Si l'on presse les raisins immédiatement après la récolte sans les laisser macérer, le vin est rosé. Aujourd'hui, 90% des vins des Côtes-de-Provence (sans oublier les très bons vins rouges et blancs) sont des vins rosés. Même en Corse, dans le Roussillon comme dans la Loire, il est produit plus d'un tiers de rosé. Ensuite, il est vrai que l'intérêt international pour les vins rosés en général a explosé ces dernières années.
4. Le vin rosé est moins cher que le rouge ou le blanc.
Vrai & faux. Il est facile de trouver du vin rosé bon marché. La qualité en terme de goût des vins rosés entrée de gamme n'est très intéressante. Les vins sont souvent carrément mauvais et contribuent ainsi à donner au rosé une conotation de vin peu sérieux, presque malhonnête, avec l'image du rosé avec des glaçons et une piscine en fond … Un bon vin rosé ne doit pas être luxueux, mais pas beaucoup moins cher qu'un vin blanc ou rouge du même segment.
5. Le vin rosé se déguste glacé.
Faux. Si vous suivez la mode, le vin rosé est servi glacé – certains n'hésitent pas à même mélanger le vin rosé avec des glaçons. Si cela est nécessaire pour vous, choisissez donc un rosé simple. Mais si vous souhaitez vraiment tirer le meilleur parti d'une bouteille de rosé de qualité, éviter de le diluer avec des glaçons, cela détruit le vin. Le vin rosé se sert à 7-10 °. Si la température extérieure est très élevée, il peut être servi un peu plus frais, dans la mesure où le temps qu'il soit servis dans le verre et dégusté, il a le temps de se réchauffer de quelques degrés. En bouche, il doit donner une sensaton de fraîcheur mais pas glacée, car le froid engourdit les arômes et le goût.
6. Les vins rosés sont fabriqués à partir de vin rouge et de vin blanc mélangés.
Vrai & faux. Dans certains pays comme les Etats-Unis, l'Australie et l'Afrique du Sud, cela est permis. En Europe, il doit par contre être issu de raisins rouges et c'est la peau du raisin de couleur rouge, à des doses variées, qui colore le vin rosé. Des tentatives ont été faites par la Commission Européenne dirigée par M. Barroso en 2009 pour que les pays de l'Union européenne ait également la possibilité de faire des vins rosés mélangés pour plus de compétitivité. Le projet de loi a créé un vrai tollé parmi les vignerons et le projet de loi a dû être abandonné.
7. Tous les rosés ont à peu près le même goût et manquent de complexité.
Faux. Fondamentalement, il s'agit l'attitude de chacun. Ceux qui n'ont pas l'intérêt ou la curiosoté ne considèrent que le vin rouge come du vin rouge et le vin blanc seulement comme du vin blanc. Cependant, pour ceux, ceux qui ont un véritable intérêt de découverte du vin, goûter du rosé est une ouverture à un monde de nouvelles odeurs, goûts et impressions pour chaque nouvelle bouteille. Cela est vrai pour les 3 couleur. Agrumes, pamplemousses, fleurs blanches, fruits rouges, miel, abricot, rondeur, fruité, fraicheur ainsi que de la minéralité sont quelques-unes des impressions que l'on peut éprouver à la dégustation d'un bon vin rosé. Il n'y a pas de snobisme, mais c'est une analyse simple, spontanée, personnelle et complètement naturelle que nous faisons en mettant de la nourriture ou des boissons dans notre bouche.
8. Le vin rosé n'est pas un vin de table.
Faux. Plusieurs plats, en particulier les pays méditerranéens se dégustent avec un verre de vin rosé. L'ail, par exemple, est un condiment qui s'accorde parfaitement à du rosé ! Mais aussi un poisson de la Méditerranée grillé, un aïoli, des pâtes au pistou, une bouillabaisse. Tous ces plats sont avec l'apéritif les meilleures façons de déguster au mieux le vin rosé. Finger food, antipasti, salades composées et viandes marinées sur le grill sont d'autres bons exemples de nourriture mettant en valeur le rosé. Par ailleurs, la cuisine asiatique est excellente avec du vin rosé, ce qui n'est probablement pas le cas avec du vin rouge ou blanc. Le rosé est même beaucoup mieux pour certains plats épicés. En effet le rouge peut être trop tannique et le blanc risque de disparaître avec les épices…
9. Le rosé clair est une garantie de qualité.
Faux. Le rosé clair est très populaire, mais attention – la couleur n'est un gage de qualité. Les sulfites par exemple, que nous sommes nombreux à mal supporter, blanchissent le vin. Un vin négligemment fabriqué, sans bonne maîtrise de l'approvisionnement en oxygène, nécessite de grandes quantités de soufre pour protéger le vin de l'oxydation. Le soufre empêche l'oxydation, mais contribue aussi à éclaircir le vin. Les vins rosés de Provence sont généralement plus clairs que de nombreux autres vins rosés, mais attention, c'est un style et n'a rien à voir en soi avec l'utilisation de soufres. Les rosés de la Provence sont en effet fantastiques – selon nous les meilleurs – mais ce n'est pas seulement une question de couleur. Les rosés de Tavel, de Roussillon, de la Loire et de Marsannay sont plus colorés, mais sont considérés d'excellente qualité.
10. Les vins rosés ont tous le même goût de base avec des étiquettes différentes.
Faux. Culturellement parlant, il y a une grande différence entre les rosés selon les régions du monde. Les rosés américains sont souvent plus doux que les français. Les rosés de Provence sont plus clairs que tous les autres. Notre choix se porte sur les rosés de Provence pour leur qualité et leur tradition. De la même façon que l'on choisit le Champagne lorsqu'on parle de bulles. Il y a bien sûr toujours des exceptions à la règle quand la qualité est au rendez-vous.